(Vraiment) inclure les gros·ses dans sa stratégie marketing : message aux sexshops français ✊

Si certains sexshops américains s’y sont progressivement mis, en France on est particulièrement connus pour être à la ramasse. Ne nous méprenons pas : des problèmes d’inclusion et de représentation, dans le milieu de la sexualité ou non, il y en a pour tous les groupes sociaux marginalisés. Aujourd’hui, j’ai décidé de me pencher sur le cas des corps et des personnes grosses.

 

Ce n’est pas un hasard puisque je le suis moi-même, grosse. Le hic, c’est que je dois anticiper et faire face à plein d’obstacles dont les minces n’ont même pas conscience si je décide d’acheter des sextoys, des accessoires ou de la lingerie. Est-ce que mon cul rentrera dans ce nouveau harnais ? Est-ce que le bec de cet aspiclito a été optimisé pour convenir aux pubis les plus proéminents ? Au moins, pour la lingerie, pas besoin de m’en soucier : il n’y a pas ma taille.

Source : Penelopemeow, camgirl et modèle. Photo par Lady Suicide.

 

Voici donc quelques pistes pour rendre sa marque plus inclusive. Je suis bien consciente que ce n’est pas quelque chose qui se fait du jour au lendemain, j’ai simplement espoir que ça tombe un jour dans la bonne oreille.

 

Étoffer son offre avec de la lingerie plus size 👙

C’est se faire un joli coup de pub que de proposer des pièces de lingerie plus size dans son catalogue. Au début, j’étais ravie de voir que des sexshops proposant un large (!!!) choix de grandes tailles. Encore faut-il se pencher sur le contenu : taille maximum 46 (50 les jours de pleine lune), mannequins à grosse poitrine sans le moindre bourrelet, quasiment que des nuisettes (couvrez ce bedon plein de vergetures que je ne saurais voir)… Ce n’est pas nouveau, les personnes grosses sont exclues du marché de la mode, mais aussi plus ou moins de celui de la sexualité.

Source : Lizzo, chanteuse et autrice compositrice.

 

À ce qu’il paraît, ce n’est pas rentable de proposer à la vente de la lingerie grande taille. Et pourtant ! En 2016, 40% des femmes faisaient un 44 ou plus. La demande est là, et maintenant il serait temps de s’y adapter.

 

… mais aussi des sextoys et des accessoires adaptés ! 🍆

La lingerie grande taille, c’était un peu la partie visible de l’iceberg. Du côté des sextoys et autres accessoires, les gros·ses sont là aussi mis·es de côté. Par exemple, j’aime bien, de temps à autre, m’harnacher d’un dildo flamboyant et fièrement dressé. Mais là aussi, ça peut parfois coincer : la plupart des gode-ceinture (ou strap-on en anglais, immensément plus joli) sont disponibles en taille unique, et on sait bien que cette fameuse taille unique, ça n’est jamais une grande taille.

Un bien joli modèle anonyme.

 

L’idéal, ça serait de proposer à la vente des harnais avec des sangles encore plus longues, pour que mes cuisses de catcheuse puissent y rentrer sans ressembler à un saucisson premier prix. Au minimum, que les mesures soient présentes (et correctes !) sur la fiche produit du site.

Bien entendu, cela ne se limite pas aux strap-on : les chokers, menottes, cordes, nippies et autres accessoires devraient aussi être accessibles à nos grosses fesses.

 

La diversité, c’est aussi dans l’embauche 👔

C’est bien gentil de permettre aux gros·ses de se masturber et de s’habiller sexy, mais finalement les mieux placé·es pour faire ces choix, ce ne sont pas les concerné·es ? Se montrer le plus inclusif possible dans sa stratégie marketing, ça n’est pas que vendre, c’est aussi donner des opportunités.

Searah Deysach, fondatrice du sexshop féministe Early to Bed à Chicago.

 

Lorsqu’on sait qu’une femme obèse est 8 fois plus discriminée à l’embauche qu’une femme qui ne l’est pas, il serait peut être temps de faire une bonne action ?

Embauchez, faites appel à des consultants pour votre entreprise (coucou), à des testeurs pour savoir à qui conviennent vos produits (et payez-les !).

 

Des workshops pensés pour tous·tes 🎀

Les boutiques physiques accueillent parfois différents ateliers pratiques, animés soit par l’équipe déjà présente sur place soit par un ou une intervenante extérieure. À tout hasard, un atelier de shibari. Par défaut, en tant que grosse, je passerai certainement mon chemin, supposant que les cordes à disposition ne conviendront pas à mon gabarit (sans parler des barres de suspension).

C’est à vous, structure organisatrice, de penser à tout en invitant les personnes qui pourraient se sentir exclues à participer aux festivités !

Source : Madame Chérie, modèle photo et artiste burlesque. Photo par Marie Bordel.

 

Mots de la fin 🌸

Ce n’est pas faire l’apologie de l’obésité que de rendre accessible des espaces et de publier des photos de personnes avec un gros ventre qui sourient. C’est au contraire éviter d’isoler 20% de la population.

Certains diront que ce n’est pas de première nécessité de pouvoir porter de la lingerie ou se masturber confortablement. Certes, mais je ne pense pas qu’il y ait de mauvaise manière de s’attaquer au problème, surtout quand la finalité c’est l’égalité dans tous les domaines. Puis, mon blog traite les sujets par le prisme de la sexualité, c’est un peu le concept.

 

 

Je serais curieuse de connaître ton expérience, celle de ton entourage, ton avis ou même tes personnalités plus size favorites ❤️

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