Sextoys en supermarché : je dis quoi à ma fille de 8 ans ? 😱
Il y a quelques semaines de cela, alors que je visionnais la story Instagram quotidienne de Godemiche, nonchalamment installée sur le lieu d’aisance (les chiottes, quoi), Monika y évoquait le sujet des sextoys en supermarché. Le débat classique, en somme : pour, contre, pourquoi ?
Ça m’a vaguement donné l’idée d’un article : pourquoi dans cette société où le sexe est pourtant omniprésent (dans la publicité, sur internet, à la télévision), il est quasiment impossible de trouver un simple vibro dans son Carrefour City local ?
Smile Makers : des sourires dans ton Monoprix ☺
En 2015, Monoprix commençait à commercialiser dans ses magasins les produits de Smile Makers, des petits vibros à piles au packaging super discret, à l’image de personnages masculins (le pompier, le millionnaire, le prof de tennis, … enfin t’as compris). S’il y a des choses à redire sur Smile Makers (40€ pour des vibros à piles ? On a vu mieux en terme d’accessibilité financière), j’ai trouvé l’initiative relativement sympa. Mais est-ce que ça rapporte de placer des sextoys dans ses rayons, au final ?
Pour être tout à fait honnête, je n’en ai aucune idée. J’imagine que la plupart des ventes se font dans le cadre d’enterrements de vie de jeune fille ou d’anniversaires. C’est vrai après tout, pourquoi passer du temps à choisir un vibromasseur en supermarché devant tout le monde quand on peut éviter le regard moqueur de la caissière et le faire en deux clics sur internet ?
Pour vivre heureux vivons cachés 🙈
Le marché du sextoy a explosé en à peine une dizaine d’années, ça n’est plus un secret pour personne, et pourtant je ne connais quasiment personne dans mon entourage qui admette en posséder un.
Selon une étude commandée par Dorcel en 2017, 49% des françaises aurait déjà utilisé un sextoy au cours de sa vie, contre 9% en 2007. C’est juste énorme. Prenant ces chiffres-là en considération, je trouve très pertinent de proposer à la vente des vibromasseurs dans les commerces dits familiaux, ne serait-ce que pour banaliser l’objet.
« Je dis quoi à ma fille de 8 ans ? » 😱
En 2009 déjà, paraîtrait-il que l’on pouvait voir des dauphins vibrants signés Fun Factory à Intermarché. Pourtant, ils ne furent pas aussi bien accueillis que Smile Makers 8 ans plus tard. Des sceptiques s’offusquaient : mais comment vais-je expliquer cela à mes enfants ?
J’ai d’abord pensé à des réactions isolées et périmées d’une quasi décennie. À la question « les vibromasseurs ont-ils leur place en supermarché ? », je pensais que n’importe qui un tant soit peu ouvert d’esprit répondrait oui. Pourtant, ça n’est pas si simple. Pas plus tard que la semaine dernière, je discutais du sujet avec une collègue, catégorique : et les enfants alors ? Faudrait pas les traumatiser, dis (c’est bien connu, ce qui traumatise les enfants c’est pas le harcèlement scolaire ni la maltraitance parentale, c’est de voir des dauphins qui vibrent à Super U).
Il y a déjà des produits sexuels dans les supermarchés 💦
Ce qu’on oublie bien souvent, c’est qu’il y a déjà des produits d’hygiène sexuelle accessibles dans les supermarchés : les préservatifs et les lubrifiants. J’irais même plus loin en disant qu’il y a déjà des produits qui ne sont pas destinés à une consommation par des enfants dans les rayons : l’alcool, par exemple.
Ce qui est tabou je pense dans les vibromasseurs, c’est le plaisir. Les préservatifs, surtout dans un contexte où ce qui est mis le plus en avant dans les cours d’éducation sexuelle c’est la prévention contre la transmission du SIDA, sont certes nécessaires mais aussi vus comme appartenant au domaine de la santé essentiellement. Idem pour le lubrifiant. Alors que dans le cas des sextoys, c’est le plaisir qui prime. Outre la découverte de son propre corps, c’est un cadeau que l’on se fait à soi-même de la même manière qu’avec une boîte de chocolats, une bathbomb ou un cabécou odorant.
Sans rentrer forcément dans les détails de l’utilisation du jouet (chaque chose en son temps), un enfant est tout à fait apte à comprendre qu’un produit n’est pas de son âge et qu’il apprendra plus tard. Encore une fois, c’est bien ce que l’on fait avec l’alcool. D’ailleurs, de nature versatile, les enfants passent bien souvent à autre chose avant même d’avoir eu le temps de dire « cul ».
Puis, entre nous, c’est pas hyper hypocrite de vouloir dramatiser les sextoys quand les adolescents fument leur première cigarette à 11 ans ? Quitte à faire un truc que la Bible kiffe pas trop, je préfère me masturber.
On dit pas « c’est nul », on dit « j’aime pas » 🌭
Le second argument qui revenait souvent, après celui des enfants, c’était : « je n’ai pas envie de croiser ce type de produits lorsque je fais mes courses ». Sauf que : personne n’oblige à l’achat. Je veux dire, moi je déteste le boudin. Ça pue et c’est disgracieux. Pourtant, je ne tape pas un scandale au rayon traiteur parce qu’il y a du boudin dans les barquettes. Je passe juste mon chemin, en me bouchant grossièrement le nez.
La honte dans le caddie 🛒
Bien sûr que les gens ne vont pas se mettre à acheter des vibromasseurs pour leur usage personnel à Carrefour du jour au lendemain. Mais ce n’est pas en ne commençant jamais à le faire que cela rentrera dans les mœurs.
Moi aussi quand j’ai acheté ma première boîte de capotes je l’ai cachée entre deux paquets de chips goût barbecue pour dissimuler la honte. Moi aussi j’ai rougi très fort quand mon lubrifiant maxi format (que voulez-vous, c’est moins cher au kilo) n’est pas passé aux caisses en libre service et qu’il a m’a fallu interpeller un employé plus grand que moi de trois têtes pour régler le souci. Puis avec le temps, ça va mieux.
Les gens font l’amour, Steven.
Tout cela pour dire : je rêve du jour où Jacqueline poussera son caddie, le pas pressé, pour prendre à la volée ses tampons super absorbants et décidera sur un coup de tête d’ajouter à son panier un vibromasseur pour son propre plaisir, avec le même enthousiasme qu’elle aurait eu pour y mettre une tartelette au citron.
someone
29 novembre 2018 at 19 h 35 minEstonie cette été, des sextoys, sur presentoire en tête de gondole dans un genre de boulanger 👌