À corps ouvert : j’ai regardé le col de mon utérus avec un spéculum 🍩

Si en cette période de confinement vous n’êtes pas trop occupé·e par la fabrication de votre propre pain ou la création de votre compte Pornhub Premium gratuit, je vous propose de discuter de mon expérience avec cet étrange accessoire qu’est le spéculum.

Soyez rassuré·es : que vous ayez cliqué afin de satisfaire un fétichisme semi-assumé ou par simple curiosité de ce à quoi ressemble un col de l’utérus, sachez que vous êtes au bon endroit.

Source : The Good Place.

 

Tout d’abord : qu’est-ce qu’un spéculum ? 🌮

Un spéculum, c’est un instrument gynécologique traditionnellement en métal, parfois en plastique, qui sert à ouvrir la cavité vaginale afin de l’examiner. Rien à voir avec de petits biscuits à la cannelle, donc.

C’est le genre d’objet mystérieux que vous auriez pu croiser dans une publicité Wish sur les réseaux sociaux. Sans parvenir à en deviner la fonction principale malgré 30 longues secondes passées à vous creuser les méninges, vous seriez finalement passé à autre chose car vous aviez d’autres vidéos de chats mignons à fouetter.

Celui sur mes photos est un spéculum de Graves. Si vous saviez déjà à quoi ressemble un spéculum avant de me lire, c’est probablement à ce genre d’outil que vous avez pensé. Il est cependant très similaire à un spéculum de Cusco, le modèle le plus commun. Loin de moi l’idée de pourrir le groove de l’empereur, mais c’est également un des plus vieillots. On le reconnaît à son drôle de bec semblable à celui d’un oiseau.

L’outil a très peu évolué depuis son développement au XIXème siècle qui, il serait bon de le rappeler, s’est fait sur le dos de femmes noires esclaves. Il faut croire qu’aller sur la lune c’était plus important que la santé sexuelle de 50% de la population mondiale.

De l’atelier d’auto-gynécologie… 🤓

Depuis l’enfance, je n’ai jamais vraiment pu passer à côté de mon image. Dans la salle de bains de mes parents, il y avait un immense miroir qui occupait les deux tiers du mur contre lequel était située la baignoire. J’ai donc eu tout le loisir d’y examiner régulièrement ma vulve, jambes écartées entre deux shampooings.

Si vous voulez briller en société : speculum ça veut dire « miroir » en latin.

 

Toutefois, je n’avais jamais vu le col de mon utérus avant cette semaine. Il y a 2 ou 3 ans, j’ai acheté sous le manteau des patches féministes à coudre sur mon sac à dos à une montpelliéraine de passage sur Toulouse. Elle en avait profité pour me tendre un petit sachet avec à l’intérieur un spéculum à usage unique en plastique rigide. Elle semblait en avoir un cabas rempli, comme si elle était partie équiper toute la France.

Bien sûr, pendant tout ce temps l’idée de l’utiliser m’a déjà effleuré l’esprit. Pourtant, 3 déménagements plus tard, je n’ai toujours pas ouvert ledit sachet.

Puis quand la boutique Toy2Toys.fr m’a proposé de m’envoyer un nouveau sextoy, j’y ai vu l’occasion d’enfin sauter le pas. Quand j’ai déballé l’instrument métallique pour mieux le prendre en main, j’avoue ne pas avoir été très en confiance. Je savais qu’en suivant les mesures de sécurité adéquates je ne risquais rien, mais tout de même : c’est un objet impressionnant aux premiers abords.

Il m’a donc fallu du temps pour l’apprivoiser. Pas tant pour apprendre comment m’en servir mais plutôt pour être à l’aise avec l’idée que le spéculum allait écarter mon intimité.

Une fois mes gants enfilés et après quelques manipulations dans le vide, j’ai quand même fini par prendre goût au côté DIY et presque scientifique qui se dégageait de l’expérience.

… au fétichisme médical 💉

Qui aurait cru que le spéculum puisse être l’objet d’un fétichisme de niche ? La règle 34 d’Internet est claire à ce sujet : des robots en passant par les bas de contention de vos grands-mères, tout peut être un fétichisme.

C’est sans nul doute parce qu’il est assimilé — à juste titre — à un outil de torture que le spéculum a su se frayer un chemin dans cette subculture de la scène BDSM : le fétichisme médical et gynécologique. Et quoi de mieux que de la torture pour instaurer des dynamiques de pouvoir ?

Source : Orange Mécanique.

 

Bon, autant vous le dire de suite : pour moi qui suis complètement tétanisée à l’idée du moindre examen médical, ça n’est — à la surprise de pas grand monde — malheureusement pas mon délire.

J’ai malgré tout voulu me documenter, mais que ce soit en français ou en anglais, je n’ai pas su dénicher de ressources écrites à l’exception de vieux forums abandonnés dignes du web 1.0 et d’un article de Vice.

Heureusement qu’il y a la pornographie vidéo. Sur le tag speculum de Pornhub, on trouve à peine 1000 vidéos à raison d’une toutes les 24 heures environ, dont zéro tutoriels de pose de spéculum (oui je vais sur Pornhub pour regarder des tutoriels des fois yakoi).

En revanche, on trouve sur le tube des choses intéressantes comme ce que j’appelle la convergence des kinks : un fétichisme en appelant souvent un autre, on peut observer lesquels sont associés avec le speculum play, à savoir les scénarios d’insémination, les sondages d’urètre et l’uro (#pipi) en général.

Quelques précautions d’utilisation pour ne pas finir au *vrai* CHU 🏥

Je ne pouvais pas publier cet article sans évoquer les précautions sanitaires à appliquer au cas où vous décideriez de vous faire poser un spéculum à la maison. Au moins, avec cette histoire de confinement, j’ose espérer que vous connaissez désormais les gestes barrières !

  • On se lave bien les mains
  • On désinfecte son spéculum en le faisant bouillir ou avec de l’alcool (puis on rince)
  • On enfile des gants, si possible
  • On se fait aider
  • On fait couler le lubrifiant à flots (base eau ou silicone selon les affinités)
  • À la moindre douleur on arrête tout : la gêne est normale mais certainement pas la douleur.
  • Qu’il s’agisse d’un jeu sexuel ou d’une simple expérience cela ne doit jamais remplacer un examen gynécologique effectué par un·e professionnel·le. En cas de douleurs, démangeaisons, sécrétions inhabituelles, etc (la liste est longue) : consultez.

 

Bref, j’ai (enfin) vu le col de mon utérus 🍩

Que l’on décide de le faire entrer dans sa vie (et son vagin) par curiosité anatomique, pour des jeux SM fetish endiablés ou bien en prévision d’une dilatation plus extrême (les amateur·ices de fist vous avez tout mon respect sincère), le spéculum est un objet plein de mystère. Dans ce monde où l’on peine encore à admettre l’existence des violences gynécologiques et obstétricales, le choix d’en faire un instrument d’émancipation voire d’érotisme dont nous aurions le contrôle nous revient.

Bref, toute cette appréhension pour finalement me rendre compte qu’un col de l’utérus, ça ressemble à un donut miniature qui aurait trop cuit. Quelle aventure.

 

Un grand merci au site Toy2toys.fr d’avoir sponsorisé cet article ! Vous trouverez sur la boutique quelques sextoys que je recommande, comme le gode en métal Double Trouble ou encore la gamme de dildos Colours de NS Novelties.

Comme d’habitude, tout ce que l’on peut lire ici est mon avis personnel et seulement le mien.

3 Comments

  1. Bodomonce

    20 août 2020 at 19 h 27 min

    Article très complet, le coup de la pub sponso Wish m’a achevé 😂

  2. Lorenzo DaPonte

    14 août 2020 at 19 h 39 min

    Bonjour, merci pour cet article particulièrement insolite que j’ai apprécié par sa belle originalité… Je suis un homme curieux … Vous me rappeler par vos écrits l’intérêt que j’avais, un temps porté à cet objet si peu décrit dans sa pratique … Je ne désespère pas de trouver la partenaire qui acceptera de partager le jeux de l’exploration vaginale via cet objet… Encore merci et bravo pour le ton donné à cet article.

    1. Zuki

      15 août 2020 at 19 h 28 min

      Bonjour et merci beaucoup pour votre commentaire ! Je suis ravie que non seulement le fond mais aussi la forme plaise 🙂 Belle journée à vous.

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