Bi Visibility Day : coucou, tu veux voir ma bisexualité ? 💖💜💙

Le 23 septembre dernier se tenait la journée mondiale de la visibilité bisexuelle. Les hashtags #BiVisibilityDay, #BiWeek, #BiPride ou encore #BisexualityDay fleurissaient sur les réseaux sociaux, rendant alors ces espaces un peu plus roses, violets et bleus. Je me suis dit que c’était une chouette occasion de parler de ce qui est non seulement mon orientation sexuelle mais aussi de celle de plus de 50% de la communauté LGB. Je parlerai de biphobie, cette discrimination bien particulière et propre à cette orientation-là. Je me suis également questionnée sur la nécessité de la visibilité, notamment dans le cas de la bisexualité puisque c’est de ça dont il est question !

 

 

Je suis bie.

Ok mais bi quoi ? Bilingue ? Bicarbonate ? Bicéphale ? Bigleuse ? Bien que ce soit aussi vrai pour le dernier, je suis aussi une jeune femme bisexuelle. Cela signifie dans mon cas que je suis attirée non seulement par les femmes, comme moi, mais aussi toutes les autres identités possibles. D’autres favorisent le mot « pansexualité » (pan = tout), qui est tout autant valide. Pour ma part, j’ai conservé le terme « bisexualité » car c’est le plus connu du grand public et que le drapeau est bien plus joli (la vérité est parfois dure à entendre, je sais bien).

 

Nom d’un bibelot, je suis bisexuelle !

Ma première confrontation au mot « bisexuel » s’est faite à l’âge de 12 ans. Un ami de l’époque m’avait alors annoncé l’être. Incertaine à propos de la définition, j’ai demandé le soir à ma mère ce qu’il signifiait. Sa réponse fut aussi confuse que moi : « ce sont des gens indécis, qui n’ont pas encore choisi, qui ont un problème ». Loin de moi l’idée de la blâmer, sûrement était-elle ignorante sur le sujet. Quoi qu’il en soit, le mot est très rapidement sorti de mon esprit : on a déjà bien assez de choses à penser, à 12 ans.

Illustration par Loukoumh via Instagram.

 

Lorsque j’en eus 14, je m’épris d’amitié (c’est en tout cas ce dont j’étais persuadée) pour une fillette de mon âge. Nous faisions tout ensemble, jusqu’à dormir dans le même lit en classe de neige, et pourtant ça n’était jamais assez pour moi. Il manquait quelque chose. Nous nous sommes perdues de vue avec le temps, mais en y repensant aujourd’hui, c’était bien plus que de l’amitié de mon côté. Mon cerveau avait été conditionné à penser que puisque j’avais déjà été attirée par des garçons, ça ne pouvait pas être le cas avec les filles !

Ce n’est qu’au lycée, en commençant à avoir accès à internet et en liant des amitiés avec d’autres personnes bisexuelles que j’eus conscience de la mienne. Les bis seraient des éternels indécis, et pourtant je n’ai jamais été aussi indécise que lorsque je ne savais pas que c’était une option légitime.

Illustration par Loukoumh via Instagram.

 

Vous reprendrez bien un peu de biphobie ?

La biphobie et ses conséquences

Pourquoi je raconte ce bout de ma vie ? Parce que sans ce phénomène d’invisibilisation de la bisexualité, j’aurais su bien plus tôt. Savoir qui on est, ça forge la confiance en soi. En anglais, on parle même de bisexual erasure. Le mot est bien plus fort : l’idée est carrément d’effacer l’existence des personnes bisexuelles, de les occulter. Il y a cette connotation violente qui sonne davantage passive en français selon moi. Mais je diverge (verge).

Tout comme on nomme les actes discriminatoires envers les personnes homosexuelles des actes homophobes, on nommera les actes discriminatoires envers les personnes bisexuelles des actes biphobes. Si un certain nombre de ces discriminations sont communes avec celles subies par les gays et les lesbiennes (violences, viols correctifs, mépris, harcèlement, …), il y en a qui restent bien spécifiques à nous, les bis.

Par exemple, nous subissons des discriminations de la part des hétéros, mais également des milieux homos. Comme le dit très bien Olga Volfson dans sa vidéo pour Komitid, nous serions :

 

« Pas assez homos pour les lesbiennes et les gays mais déjà beaucoup trop pour les hétéros. »

 

On nous rétorque souvent que nous profitons du privilège hétéro lorsque nous nous montrons en public avec quelqu’un du « sexe opposé ». C’est tout à fait juste, mais cela n’annule en aucun cas le rejet et la honte internalisés. Olga Volfson énumère les conséquences : dépressions, addictions, transmission d’IST, …

 

C’est pour qui la visibilité ?

Quelle visibilité pour les personnes bisexuelles ?

C’est pour bibi ! Toute visibilité, qu’il s’agisse d’un témoignage, de fiction, d’enseignement ou encore de petites interventions dans la vie de tous les jours, est bonne à prendre pourvu qu’elle ne soit pas biphobe, bien entendu.

 

L’enquête sur la biphobie

En ce début d’année, une enquête inter-associative sur la biphobie collectait des données afin d’établir un tableau des formes prises par la biphobie en France. Les chiffres les plus frappants étant notamment :

 

« 93% du panel au total a déjà entendu des propos biphobes […], ce qui a en a conduit 66 % à limiter leur visibilité. »

 

C’est pourquoi la visibilité est si importante : sans elle, les personnes bies ne demandent pas l’aide et le soutien dont elles peuvent avoir besoin.

La visibilité fait-elle tout ?

Non. Mais elle fait déjà beaucoup. La visibilité, bisexuelle ou non d’ailleurs, est une porte d’entrée vers la reconnaissance des discriminations. Elle permet de prendre de la place dans l’espace médiatique et donc dans l’opinion publique, de déconstruire les clichés, de clamer haut et fort notre légitimité.

Illustration par You’re Welcome Club via Instagram.

 

Pleins de (bi)sous !

2 Comments

  1. Freya

    16 février 2019 at 2 h 52 min

    Je pense que j’ai toujours été bi même si je n’ai pas eu l’occasion de coucher avec une fille pour le moment. J’ai souvent eu peur, et puis surtout je n’ai aucune amie lesbienne ou bi donc je ne vois pas comment en rencontrer ^^ » (peut etre stupide comme reflexion)

    1. Zuki

      16 février 2019 at 3 h 40 min

      Je pense qu’en tant que femme ça peut être compliqué de rencontrer d’autres femmes à moins de baigner dans des cercles queer. On présume que toutes celles que l’on rencontre sont hétéros (et je parle en connaissance de cause 🙁 ), et même lorsqu’on est attirée l’une vers l’autre, aucune ne fait le premier pas, vu qu’on nous éduque à attendre que l’homme le fasse (peur du rejet, aussi, peut être) :/ Sur les applications dédiées, c’est un peu la même chose. Bref, je ne veux pas paraître pessimiste mais : je comprends. Du coup non, pas si stupide comme réflexion 😛

Leave a Reply