Journée Mondiale de Lutte contre le SIDA : Act Up, 120 Battements par Minute et Prévention

Le 1er décembre, c’est la Journée Mondiale de Luttre contre le virus du SIDA. Pour l’occasion, les cinémas rediffusaient 120 battements par minute, en reversant les recette à Act-Up.

120 battements par minute

Le film se découpe en deux parties, c’est-à-dire que la première se concentre davantage sur l’association Act-Up, les interventions, les manifestations, la colère, aussi. Puis, dans la seconde partie, on assiste à la descente aux enfers de Sean, un jeune séropositif. Sa maladie évolue, dans le mauvais sens du terme puisque l’on est au tout début des années 1990, donc les traitements c’est pas encore ça.

J’ai vu 120 battements par minute il y a quelques mois déjà et j’ai beaucoup aimé le film. J’ai trouvé qu’il y avait un réel plus par rapport à d’autres long-métrages qui traitaient du même sujet. Niveau réalisation, j’ai été complètement soufflée.

Je vais pas faire une critique du film, même si j’en ai super envie, tout simplement parce qu’il y a plein d’articles qui en font l’éloge et il suffit de taper sur Google « 120 battements par minute » pour le voir. Quasiment tous les médias se sont mis d’accord pour dire que c’était un super film (à raison), mais j’ai également pu lire une critique négative très pertinente : 120 minutes de colère – Friction Magazine.

Avec la personne avec qui j’étais allée voir le film, on s’est vite rendu compte qu’on était pas si informé-es que ça. Bien entendu, on a eu une éducation sexuelle au collège, au lycée, comme beaucoup de monde en France, mais au final c’était vraiment rien. On était renseigné-es sur les modes de transmission, le dépistage, mais le virus aujourd’hui, les traitements, les alternatives : zéro.

Je me suis rendue compte qu’il y avait plein d’idées reçues auxquelles j’ai cru longtemps. J’ai donc estimé qu’il serait de circonstance d’effectuer une petite piqûre de rappel et peut être même d’approfondir certains points. Mine de rien, ça a évolué en 20 ans et je pense qu’il faut en parler, encore et encore jusqu’à ce que ça rentre. La lutte contre le SIDA a tendance à s’essoufler : on a tendance à penser que le problème est déjà réglé, et c’est pas vrai.

VIH et SIDA

Pour reprendre depuis le début, le VIH c’est le Virus d’Immunodéficience Humaine, et le SIDA, c’est le Syndrome d’ImmunoDéficience Aqcuise. Très grossièrement, le VIH, c’est le virus et le SIDA c’est son évolution en temps que maladie. Le SIDA, c’est être porteur du VIH et être affecté-e par des maladies opportunistes, c’est-à-dire des maladies qui a priori ne semblent pas graves, mais dans le cas du SIDA, cela devient des maladies mortelles puisque l’organisme s’affaiblit, les globules blancs sont détruits et on peut ainsi mourir d’une gastro ou d’une angine si non traité-e (traitements très lourds cependant, je pense à la trithérapie notamment).

Le virus n’évolue pas forcément, ou du moins pas tout de suite. Ainsi, on peut ne pas s’en rendre compte et être porteur du VIH malgré tout.

Transmission du virus

L’année dernière, un de mes profs, alors qu’on étudiait un spot de prévention concernant le SIDA justement, nous avait dit :

« On peut attraper le SIDA par le baiser. »

Alors : non.

Il a ensuite continué son speech en précisant qu’il parlait des micro-coupures possibles à l’intérieur de la bouche, après s’être brossé les dents par exemple (puisque le VIH peut se transmettre par le sang).

Or, la transmission du virus par le sang exige 3 conditions : que du sang frais coule, que ce sang soit celui d’une personne séropositive et qu’il coule sur une plaie fraîche et profonde, qui nécessite généralement des points de suture.

Un couple sérodifférent (= un des membres est porteur du virus, l’autre pas) peut s’embrasser, y a aucun problème, le SIDA ne se transmet pas par la salive, les micro-coupures, ni les larmes, la sueur, ou je ne sais quoi d’autre, et c’est désolant qu’un professeur mal informé puisse balancer ça à ses élèves qui vont le prendre pour argent comptant. Embrassez-vous si vous en avez envie.

La fellation

Bien que ça puisse paraître évident à certain-es, le VIH peut se transmettre par la pratique de la fellation, c’est-à-dire sucer quelqu’un. À partir du moment où il y a contact avec des muqueuses, c’est vraiment la porte d’entrée vers l’organisme par excellence, avec des fluides corporels comme le sang, le sperme, et même parfois le liquide pré-séminal puisqu’il peut contenir de ce dernier, c’est un rapport à risque et il faut se protéger.

Règles, cunnilingus et digue dentaire

On a tendance à très facilement l’oublier puisque la cyprine (aka la mouille) ne permet pas de transmettre le SIDA, mais le sang menstruel (aka le sang sécrété lors des règles), c’est un désastre. Il faut y penser et on n’y pense pas. À mon avis, c’est parce que les règles c’est tabou, c’est dégueulasse, personne ne fait l’amour pendant les règles (si). On va se dire « c’est pas grave je peux faire un cunni », sauf que : non.

C’est là qu’intervient la digue dentaire. C’est une sorte de carré en latex qui va permettre de former une barrière. Comme le préservatif, la digue dentaire va protéger non seulement du SIDA mais aussi des autres maladies et infections sexuellement transmissibles. Malheureusement, c’est un outil qui est difficile d’accès, mais il est toutefois possible d’en fabriquer soi-même à partir d’un préservatif externe : il suffit de couper (à l’aide de ciseaux propres) le réservoir, puis dans la longueur, et le tour est joué.

Autotest et PrEP

L’autotest, c’est un dispositif que l’on peut acheter librement en pharmacie (ou sur internet !) depuis 2015. C’est un testeur sanguin, comme pour les personnes diabétiques, qui comme son nom le suggère, va tester ton sang à l’aide d’une aiguille qui va venir en prélever un tout petit peu, pour savoir si oui ou non tu es séropositif. C’est un outil qui reste encore très cher, il faut compter 25 à 30 euros pour un usage unique.

Il y a toujours les centres de dépistages, qui eux sont anonymes et gratuits.

 

Personne utilisant un autotest sur son doigt.

 

Concernant la PrEP (prophylaxie pré-exposition), c’est distribué librement depuis 2016 seulement, c’est encore plus récent que l’autotest (sa distribution, pas son existence, tu suis ?). Il s’agit d’un traitement préventif, au même titre que la pilule contraceptive, qui va venir empêcher d’attraper le virus.

Tout ça a beau avoir l’air miraculeux, la PrEP ne protège pas des autres maladies. Il faut donc rester très rigoureux et ne pas se dire qu’un rapport est 100% sûr, même si l’on prend la PrEP.

Bonus : Il existe aussi un traitement d’urgence post-exposition, le TPE (et non je parle pas de cet oral foireux que t’as passé en classe de 1ère), donc si tu as été exposé, pas de panique, mais n’oublie pas qu’il s’agit d’un traitement lourd et qu’il est important de se protéger avant tout rapport à risques.

 

À bientôt ❤️

 

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